La croissance explosive de l’économie des créateurs – où des millions de personnes gagnent désormais leur vie grâce au contenu en ligne – cache une réalité troublante : des problèmes de santé mentale généralisés parmi ceux qui la dirigent. Une nouvelle étude de Creators 4 Mental Health, menée en partenariat avec Lupiani Insights & Strategies, quantifie ce que les créateurs soupçonnent depuis longtemps : le système actuel n’est pas durable pour le bien-être.

Le problème principal : le manque de support

L’étude, basée sur plus de 500 créateurs nord-américains, révèle une forte disparité entre les demandes de l’industrie et le soutien disponible. Neuf créateurs sur dix n’ont pas accès à des ressources spécialisées en santé mentale. Ce n’est pas simplement anecdotique ; les données confirment que l’influence numérique a un coût humain important.

« Les données forcent enfin la conversation », déclare Shira Lazar, créatrice nominée aux Emmy Awards et fondatrice de Creators 4 Mental Health. « Depuis des années, nous parlons de ces questions, mais l’expérience vécue n’a pas suffi à inciter l’industrie à les prendre au sérieux. »

Le bilan humain de la création constante

Les conclusions de l’étude dressent un tableau sombre. 69 % des créateurs connaissent une instabilité financière, tandis que 62 % signalent un épuisement professionnel. Le plus alarmant peut-être est que 58 % déclarent que leur estime de soi est liée à la performance du contenu, ce qui entraîne une instabilité émotionnelle. Les taux d’épuisement professionnel augmentent avec l’ancienneté dans l’industrie, ce qui suggère que plus une personne travaille longtemps en tant que créateur, plus elle devient vulnérable.

Les chiffres sont frappants : un créateur sur dix fait état de pensées suicidaires. Cette crise est exacerbée par un accès limité à l’aide, en particulier en dehors des grands centres médiatiques.

Le rôle des structures technologiques et industrielles

Le problème n’est pas seulement la pression individuelle ; c’est systémique. Des entreprises comme OpusClip, qui sponsorisent la recherche, reconnaissent la nécessité d’un changement à l’échelle de l’industrie. Ils développent des outils pour automatiser les tâches répétitives, dans l’espoir de réduire la charge de travail des créateurs et de leur permettre de se concentrer sur une stratégie créative.

Cependant, comme le souligne Conor Eliot, responsable des partenariats avec les créateurs chez OpusClip, la technologie à elle seule n’est pas une solution. La solution nécessite des changements culturels et structurels dans l’ensemble de l’écosystème. Cela comprend des contrats plus équitables, des revenus stables et une formation en santé mentale pour les managers et les plateformes.

De la prise de conscience à l’action : un appel à la réforme

Creators 4 Mental Health vise à traduire ces résultats en actions concrètes. L’organisation préconise de traiter les créateurs comme des travailleurs et non comme des machines à contenu jetables. Cela signifie garantir une rémunération équitable, des accords transparents et un accès à des soins complets.

L’économie des créateurs au sens large représente désormais un segment majeur du travail, mais elle ne bénéficie pas des protections accordées aux employés traditionnels. L’étude a révélé que ceux qui surveillent de manière obsessionnelle les analyses ou travaillent un nombre excessif d’heures non rémunérées signalent les niveaux de bien-être émotionnel les plus bas.

Le défi ne consiste pas seulement à soutenir l’industrie ; ça le rend humain.

“Le vrai progrès signifie construire une fondation plus saine… une fondation où les créateurs ont accès aux soins, à la communauté et à la stabilité. Nous pouvons définir comment cette industrie évolue.” – Shira Lazar

Ce rapport devrait servir de sonnette d’alarme pour les marques, les agences et les plateformes qui dépendent du travail des créateurs. La santé mentale n’est pas facultative ; c’est fondamental pour la viabilité à long terme de l’ensemble de l’écosystème. Les données fournissent un avertissement sévère et une feuille de route pour construire un avenir plus durable.